Fawzia Koofi par Grégory Forestier - Institut international des droits de l’Homme et de la paix
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Ce mard 8 mars à l’Abbaye aux Dames de Caen, dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix a donné carte blanche à Fawzia Koofi, ex-députée et ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale en Afghanistan. Fawzia Koofi était intervenue au Forum mondial Normandie pour la Paix lors du débat « Afghanistan, l’impossible paix ? » le 1er octobre 2021. L’occasion de voir l’évolution de la situation 5 mois après son intervention.

Campus pour la Paix

Une situation critique pour les afghanes mais non sans espoir

Contraintes à rester chez elles, poursuivies lorsqu’elles manifestent, intimidées au quotidien, séquestrées lorsqu’elles détenaient des postes à responsabilité dans l’ancien gouvernement : le tableau dépeint par l’ex députée est alarmant. Sept mois après la prise de Kaboul par les Talibans, la situation des femmes en Afghanistan est toujours aussi bafouée. Fawzia Koofi garde toutefois espoir : « C’est une journée assez difficile pour moi mais je me suis rendue compte que beaucoup de femmes se tournent vers nous [les afghanes qui résistent] en tant que sources d’inspiration. » Au cœur du combat des femmes afghanes : regagner une liberté qu’elles avaient acquise pendant 20 ans et avec laquelle certaines ont toujours vécu.

 

Des Talibans qui ne négocient plus

Lors du Forum 2021, Fawzia Koofi qui avait participé aux négociations de Doha avec les Talibans, racontait : « Je fais partie d’une génération qui a connu la guerre et j’ai pensé qu’il fallait chercher la paix même si, pour cela, il fallait discuter avec les Talibans. Je leur ai dit que l’Afghanistan avait changé et que les femmes constituaient une partie de la société qu’ils ne pouvaient pas court-circuiter. A l’époque, ils ont entendu et accepté mon message. »
Aujourd’hui pour Fawzia Koofi, la répression des afghans par les Talibans est de plus en plus présente notamment auprès des femmes qui constituent plus de la moitié de la population, sous couvert d’une interprétation de l’Islam que l’ex-députée ne partage pas. Bien que des personnalités exposées aient pu être évacuées, beaucoup restent encore persécutées en Afghanistan. Fawzia Koofi appelle les gouvernements à apporter une fois de plus leur soutien à la population afghane.

 

Une situation qui dépasse l’Afghanistan

Fawzia Koofi souligne que ce qui se produit en Afghanistan, comme partout ailleurs, a désormais un impact mondial. Elle cite les attentats de 2001 mais prend aussi exemple des conflits récents comme en Ukraine. La victoire des Talibans, qui n’ont pas trouvé de résistance à leur prise de pouvoir, a pu encourager certains régimes totalitaires à intervenir.
A l’inverse, chaque combat mené pour la liberté représente un encouragement pour les autres : les femmes afghanes prennent exemple sur de nombreux combats de femmes dans le monde, et deviennent elles-mêmes des exemples pour toutes celles qui défendent leurs droits. Ainsi, le combat des femmes en Afghanistan est celui de toutes les femmes, et il doit être poursuivi.

 

Agir pour l’Afghanistan

Fawzia Koofi alerte sur l’utilisation de l’aide internationale par le régime des Talibans qui n’en fait bénéficier que ses soutiens. Son instrumentalisation rend malheureusement difficile une aide humanitaire qui ne serait pas bénéfique aux populations. L’ONU travaille actuellement à conditionner les aides humanitaires à une distribution égalitaire aux populations.
Pour Fawzia Koofi, il s’agit désormais de considérer la situation comme une crise politique, où une reconstruction institutionnelle doit avoir lieu : « nous méritons une démocratie et une constitution ». Ainsi, sensibiliser et faire pression sont des leviers possibles pour les gouvernements souhaitant agir, tout comme l’aide à l’exil des personnes en danger en Afghanistan.

Finissant sur un poème, Fawzia Koofi laisse un message d’espoir :
« La fleur va fleurir
Un printemps de liberté
Je vais chanter
Liberté, encore et encore »

Sont intervenus pour conclure ce débat François-Xavier Priollaud, Vice-Président de la Région Normandie, Nicole Ameline, Présidente de l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix récemment élue et Alain Tourret, Président honoraire de l’Institut. Ils ont rappelé ensemble la nécessité d’agir par tous les moyens pour les femmes afghanes et les femmes du monde entier. Dans ce monde bousculé par les conflits, ils ont rappelé la nécessité d’utiliser les droits humains comme boussole.

 

Suivre Fawzia Koofi sur Facebook : https://www.facebook.com/Fawziakoofi
Revoir le débat « Afghanistan, l’impossible paix ? » en partenariat avec l’Institut prospective et sécurité en Europe et le Club France-Afghanistan : https://normandiepourlapaix.fr/paix-mondiale-et-securite-globale-comment-gouverner-la-paix/afghanistan-limpossible-paix
L’Institut international des droits de l’Homme et de la paix lance prochainement le vote du Prix Liberté 2022 : rendez-vous le 15 mars !

 

Photographie par Grégory Forestier - Institut international des droits de l'Homme et de la paix.

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