Jane Goodall
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Les 1 et 2 octobre 2020, le Forum mondial Normandie pour la Paix accueillait 3 conférences, 15 débats, 6000 participants et 120 intervenants à Caen. Sur le thème "Prévenir la guerre : répondre aux nouvelles menaces", la troisième édition a notamment proposé des espaces de dialogues sur les enjeux environnementaux avec des invités de renom : Nicolas Hulot, Jane Goodall, Yann Arthus-Bertrand, Céline Cousteau...

Forum Mondial

L'environnement était à l'honneur au cours de nombreuses sessions de cette troisième édition notamment la conférence "Les raisons de la colère : enjeux sociaux, démocratiques et environnementaux pour la paix" mais aussi des débats sur la diplomatie de l'eau, l'enjeu de l'Amazonie et les solutions locales pour le climat.

 Retrouvez la synthèse de ces débats.

 

Un état des lieux alarmant

Déforestation, raréfaction des ressources naturelles, réchauffement climatique, disparition de la biodiversité... Le constat est alarmant et constitue pour la société une inquiétude grandissante. En plus des dérèglements climatiques et de la mise en danger de nombreuses espèces, ces changements brutaux impliquent de nouvelles tensions entre différents peuples. Gilbert Fossoun Houngbo, président du Fonds International de Développement Agricole et Président d'ONU-Eau, alertait ainsi dans le débat "Diplomatie de l'eau : partager l'or bleu" : 

« Si rien n’est fait au moment où l’on se parle, d’ici 2025, un peu plus de 8 milliards de personnes connaîtront à terme une pénurie d’eau absolue. Les 2/3 de la population mondiale vivront dans des conditions de stress hydrique ».

La possession des ressources rares et les conditions de vie détériorées aux quatre coins du monde en font des zones à risque pour les conflits. L'Indice Normandie du Parlement Européen surveille notamment les paramètres climatiques pour déterminer la conflictualité d'une zone.

Parmi les mis en cause pour cette situation : la société de consommation et les logiques économiques promues par l'ancienne génération. Nicolas Hulot, président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot, souligne ainsi :

« Il est intolérable d’apprendre qu’on a été capable de livrer une bouteille de Coca-Cola dans un village reculé du monde mais pas un traitement antipaludéen. Choisir la coopération plutôt que la prédation n’est plus une option dans un monde où toutes les inégalités se voient et se creusent. Personne ne pourra aspirer à vivre en paix tant qu’elles persisteront ». 

 

Dr. Jane Goodall, Dame Commander of the British Empire, fondatrice du Jane Goodall Institute et messagère de la Paix auprès des Nations Unies, en fait aussi état lors de la première conférence à travers un bilan qui résonne comme un appel à l'action. 

 

Des difficultés à surmonter

« Nous aurons la paix sur terre lorsque nous aurons la paix avec la terre. Les choses qui rendent notre vie confortable aujourd’hui nous rendrons malheureux demain en raison de leur raréfaction : l’eau et l’électricité que nous gaspillons, les matériaux que nous consommons à outrance, les déplacements inutiles que nous effectuons… Ce que nous voyons maintenant, c’est le changement climatique. Mais ce dont nous avons besoin, c’est un climat de changement » Antonio Oposa, titulaire de la Chaire Normandie pour la Paix et avocat spécialiste du droit de l'environnement.

La mobilisation citoyenne qui peut réduire jusqu'à 30% les causes du changement climatique n'est cependant pas suffisante. Les gouvernements doivent également se mobiliser. La difficulté de cet exercice tient aujourd’hui à sa mise en pratique. Comme le dit Nicolas Hulot, « on sait ce qu’il faut faire, mais on ne sait pas comment, on n’a pas de méthode ». Il recommande à ce titre le principe « d’irréversibilité » pour éviter les retours en arrière et celui de « progressivité » pour organiser la mutation et faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte.
 

Quelles solutions pour l'environnement ?

Sont mentionnées plusieurs pistes à suivre. Plusieurs experts en appellent au droit international malgré la difficulté des Etats de s'accorder sur des principes uniformes pour contrer la crise climatique.

Une seconde piste serait d'aller vers des actions locales, adaptées à la situation géographique mais permettant aussi d'avoir une meilleure adhésion de la population.

« Le premier enseignement, c’est que pour qu’une mesure soit acceptée, il faut associer l’échelon local et la population. Or, dès qu’il y a une crise, la tendance à la recentralisation est forte » Xavier Cadoret, président de la chambre des pouvoirs locaux au Conseil de l'Europe.

Céline Cousteau, militante écologiste et documentariste, défend également le fait de s'adapter et consulter les populations locales afin d'enclencher un changement pertinent et durable. 

« On dit parfois que je donne à travers mes films une voix aux gens qui n’en ont pas. Je ne suis pas d’accord. Ces femmes et ces hommes ont une voix qui résonne très fort mais qu’on n’écoute pas ou qu’on n’entend pas, parce qu’ils sont loin ou qu’ils n’ont pas les mêmes plateformes que nous. (...) Ils ne sont pas là dans la forêt avec leurs plumes pour faire joli. Ce sont des gens qui existent dans la sphère politique et qui ont une compréhension des enjeux auxquels nous sommes confrontés »

Aussi au coeur des solutions, la jeunesse tient un rôle moteur dans cette crise climatique. Toujours plus engagée avec des figures comme Greta Thunberg, lauréate du Prix Liberté 2019, la jeunesse est prête à agir en militant ou en portant des actions à l'échelle individuelle ou locale. Le montre aussi Walk the Global Walk qui s’est terminé cette année en Normandie le jeudi 1er octobre à l’occasion du Forum. Après une année de sensibilisation sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) en classe, 341 lycéens normands se sont réunis à Caen pour cette marche au départ du Forum, symbole de leur mobilisation. 

 

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