fake news
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La prolifération des « fake news » ou infox dans nos sociétés ultra-connectées a pris de l’ampleur. Au risque parfois de menacer la démocratie et de déstabiliser les relations internationales. 

Forum Mondial

Au Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo, lutter contre le virus Ebola, c’est d’abord lutter contre une « fake news ». L’épidémie a fait plus de mille morts depuis août 2018. Pourtant, des malades refusent de se faire soigner, des équipes médicales sont attaquées. L’idée s’est répandue sur les réseaux sociaux qu’Ebola n’existerait pas ou serait une manipulation pour décimer la population. 

« Quand on perd la confiance, le complot prospère »

En enquêtant sur le terrain, les « observateurs » de France 24 ont démêlé les origines de ces rumeurs. "Dans cette région où sévissent les milices armées, les populations ont davantage peur des violences que d’Ebola et n’ont plus confiance dans les autorités, notamment depuis l’annulation du scrutin électoral à Beni et Butembo, officiellement en raison de l’épidémie, détaille Loick Berrou, de France 24. Et quand on perd la confiance, le complot prospère. » La chaîne d’information internationale française a créé dès son origine ce dispositif de « fact checking » (6 000 « observateurs » dans le monde) pour traquer et démonter les infox et rétablir une information « certifiée, honnête, équilibrée et indépendante".
« La manipulation de l’information n’est pas un phénomène nouveau, reprend Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde (France 24, RFI et MCD). Ce qui l’est, c’est la rapidité à laquelle les fake news se transmettent avec les réseaux sociaux. Une infox est six fois plus virale qu’une vraie information." Parce qu’elle est souvent plus simple à concevoir, plus spectaculaire. Parce qu’elle est partagée ou recommandée par sa communauté ; c’est ce qu’on appelle le "biais cognitif". 

Guerre d’influence et cyberattaques

L’infox peut être un canular, une erreur, une ignorance. "Lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, les réseaux africains parlaient de statues diaboliques", poursuit Marie-Christine Saragosse. Avec des conséquences plus ou moins dramatiques. "En RDC, des femmes ont été violemment attaquées suite à une rumeur d’interdiction du pantalon." Mais il arrive aussi que la fausse information résulte d’un vrai programme de propagande ou de déstabilisation. "Luttes d’influence, guerre du renseignement, cyberattaques : la maîtrise de l’information est un axe stratégique pour les Etats, appuie Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe. La Chine investit dans des data centers en Afrique et s’implante aux portes d’entrée des câbles de communication (Kenya, Djibouti, Golfe de Guinée)."

Nouveaux GAFA asiatiques 

"Depuis le scandale des espionnages de l’agence de sécurité américaine impliquant la totalité des géants du web, on sait qu’internet est un enjeu majeur de contrôle des données, souligne Catherine Morin-Desailly présidente de la Commission de la culture et de l’éducation au Sénat. Or le monde numérique est aujourd’hui dominé par quelques oligopoles – les GAFA – qui nous ont colonisés. Le cofondateur de Google, Larry Page, ne disait-il pas qu’il voulait organiser toute l’information du monde ?" Demain, la domination viendra aussi de l’Orient. « Tencent, Baidu, Alibaba, Xiaomi… Retenez les noms de ces GAFA asiatiques qui seront les géants de demain », conclut  Emmanuel Dupuy. 

 

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