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Les problèmes d’accès à l’eau, les canicules, sécheresses, cyclones, tsunamis et inondations présentent déjà un réel danger pour la sécurité  humaine. Comment lutter contre les changements climatiques pour éviter leur multiplication ?

Forum Mondial

Les trois experts réunis à l'occasion d'un débat autour de Paul Stares, directeur du Center of Preventive Action, Council on Foreign Relations, semblent tous d’accord pour dresser un tableau noir… Les changements climatiques et les bouleversements qui en découlent sont sources majeures de conflits, de l’Afrique à l’Asie en passant par les USA… Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée, rappelle qu’avec seulement 7% d’eau potable, l’eau, cette denrée vitale, n’a pas fini de poser problème. « En Afrique de l’Ouest, nous vivons le changement climatique depuis la fin des années 70, souligne-t-il. L’une des multiples difficultés rencontrées est liée au fleuve transfrontalier entre le Bénin et le Niger, et c’est la même chose entre le Burkina Faso et le Ghana, et au niveau des eaux partagées. Ainsi, en période de sécheresse, de nombreux conflits éclatent entre les populations nomades en recherche d’eau et les agriculteurs, engendrant énormément de morts. »

Vulnérabilité des états

Six pays sont plus particulièrement vulnérables : la Somalie, le Congo, le Tchad, le Soudan, l’Afghanistan et la Syrie. « Entre 2006 et 2009, la Syrie a connu sa pire sécheresse depuis 900 ans, explique Nancy Lindborg, présidente de l’United States Institute of Peace. 99% des fermes ont été impactées et les agriculteurs sont venus massivement s’installer aux abords des villes, créant stress et tensions avec les habitants. Cela a aussi débouché sur une illégitimité de l’état aux yeux de la population. Deux ans plus tard, le drame commençait et nous en voyons les effets dévastateurs. Daech a pompé l’eau des puits, détruit l’environnement… »

Amplificateur de risques

Des territoires entiers risquent de disparaître avec la montée des eaux, comme c’est le cas pour les îles Marshall. L’intensification des cyclones et des tempêtes tropicales dévaste régulièrement les Philippines ou les îles Fiji. Les vagues de chaleur impactent l’agriculture et engendrent des déplacements importants des ressources halieutiques. « Tous ces bouleversements posent des problèmes de sécurité alors que nous ne sommes qu’à 1,1° C de plus qu’à l’ère industrielle au niveau du réchauffement de la planète, souligne Nicolas Regaud, conseiller spécial pour l’Indo-Pacifique à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie au ministère des Armées. Ce sont des amplificateurs de risques, des facteurs qui peuvent exacerber les tensions car cela détruit l’économie et les ressources alimentaires. » 

Quelles pistes ?

L’anticipation, notamment en matière de protections des infrastructures indispensables, semble primordiale « pour pouvoir intervenir et ne pas être pris au piège en cas de catastrophe », conclut Nicolas Regaud. La coopération entre états est également une solution qui contribue à protéger les ressources communes. « Au Nigéria, la société civile se réunit pour identifier des solutions précises permettant de gérer les conflits et leurs conséquences », met en avant Nancy Lindborg. Le soutien à la recherche et les avancées scientifiques sont également des pistes d’actions même si « aujourd’hui, la course au profit est plus importante que la course à la protection et à la préservation, déplore Kabiné Komara. Cependant, il ne faut surtout pas rester passif, surtout face aux climato-sceptiques. »

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