En 2024, le nombre de conflits armés a atteint un niveau record, soulignant l’importance de discussions comme celles tenues à Sciences Po Le Havre le 13 février dernier en partenariat avec la Région Normandie dans le cadre de son initiative Normandie pour la Paix. Cette conférence visait à analyser les principaux facteurs de risque et à proposer des solutions pour une meilleure gestion des conflits.
Le bilan dressé par le magazine Diplomatie dans son édition spéciale sur l’avancée et l’apparition des conflits dans le monde est lourd. Le constat est là, les nombres parlent : 59 conflits majeurs, un record depuis la Seconde Guerre mondiale. Le monde traverse donc une période de tensions croissantes marquée par une multiplication des conflits et un affaiblissement des démocraties.
La situation internationale se détériore grandement depuis deux ans, sous l’effet de divers facteurs. Les principes des relations internationales ont eux aussi beaucoup changé. La loi du plus fort refait de plus en plus surface, laissant la place à l’irrationalité sur la scène internationale. Le multilatéralisme est ainsi fragilisé et les négociations de paix se font de plus en plus rares. Alors qu’il y a encore vingt ou trente ans, 35 à 50 % des conflits se résolvaient par la diplomatie, ce chiffre est aujourd’hui tombé sous la barre des 10 %. De nombreux conflits perdurent sans issue visible à court ou moyen terme.
Paul Vallet, historien, politologue et chercheur associé au Geneva Center for Security Policy observe une tendance inquiétante : la fragilisation des démocraties. Celles-ci ne font pas seulement face à des menaces externes. Parmi les quelques vingt-sept démocraties complètes, beaucoup souffrent en effet de dysfonctionnements institutionnels et de tensions politiques croissantes.
Serge Stroobants, directeur Europe de l’Institute for Economics and Peace, a mis l’accent lors de ces discussions sur l’importance d’analyser les risques de conflits à l’aide de onze indicateurs de l’Indice Normandie, afin de mieux les décrypter et de pouvoir y répondre. Il soulignait également le décalage des décisions étatiques et internationales avec la réalité des conflits.
La paix mondiale décline depuis donc maintenant quinze à vingt ans, et les états ne semblent pas prêts à faire la paix. Une notion qui ne cesse d’évoluer mais qui peine à se mettre en place de manière pérenne.
Malgré un avenir incertain, Laurent Bonnefoy, politiste, chercheur au CNRS affilié au Centre de recherches internationales de Sciences Po a souligné les lueurs d’espoir qui émergent, portées par la jeunesse, les mouvements citoyens et les nouvelles dynamiques du droit international.
Lors de la conférence, les intervenants ont pu aborder l’état du multilatéralisme, le conflit israélo-palestinien, la place de l’Union européenne dans le monde qui s’annonce.
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